J’explore le manoir, tentant de trouver une sortie, quand j’arrive dans une grande pièce. Elle a un piano.
Curieuse, je touche à une note, puis à une autre.
Le piano est bien accordé.
<En joues-tu, Ho…ta…ru?> Dit soudain une voix masculine et froide dans mon esprit. Ruvik.
<Non.> Lui répondis-je aussitôt, bien que je n’ai pas envie de lui parler. <Mais je connais le violon.>
Tout à coup, des souvenirs défilent dans mon esprit. Mes souvenirs.
Moi, avec Michiru, en train de pratiquer le violon.
Moi, assise sur les genoux d’Haruka.
Moi, regardant Setsuna travailler à son ordinateur.
J’étais encore une fille de 9 ans portant une robe blanche, pas une femme de 30 ans en robe rouge, comme maintenant.
J’ai cette apparence depuis mon arrivée dans le STEM.
<ASSEZ!> Crié-je à Ruvik. <Ce sont mes souvenirs, pas les tiens!>
Plutôt que de se fâcher ou de me donner une excuse, il me demande de regarder à droite du piano.
Comme il ne me demandait pas quelque chose d’indécent, je regarde à droite du piano.
Je suis surprise d’y découvrir un violon. Je suis sure qu’il n’était pas là avant.
Je le prends et Ruvik m’ordonne d’en jouer.
<Non, tu ne peux me donner des ordres!>
Bien qu’il dit être dans mon corps, qu’il dit ne faire qu’un avec moi.
Je compte déposer le violon quand une douleur intense arrive à ma tête.
C’est Ruvik qui en est la cause. Je le sais.
Je crie de douleur.
<ARRÊTE, ARRÊTE, je vais le faire!>
La douleur disparait et la colère veut à nouveau remplir mon cœur.
<Tu as du culot… Ruben.> Dis-je sans me gêner.
Malgré tout, je parviens à contrôler ma colère. Encore une fois.
Je ferme les yeux et je commence à jouer la mélodie que je pratiquais avec Michiru. C’était un air triste, mélancolique.
La mélodie du violon remplit le manoir. Quand elle se répète, j’entends du piano.
Je compte ouvrir les yeux pour voir qui joue quand la voix froide de Ruvik me dit de garder les yeux fermés.
<Mais…>
<Ne me regarde pas. Continue à jouer.>
<Est-ce toi qui joue au piano? Comment? N’es-tu pas dans mon corps?>
<Je peux projeter mon corps, Ho…ta…ru. Ne me regarde pas!>
Même si j’ai une grande envie d’ouvrir mes yeux, je les garde fermer.
Ruvik est un ennemi, un monstre.
Pourtant, je ne veux pas le mettre en colère. Je ne veux pas qu’il me fasse du mal.
Surtout que je ne peux pas me transformer en Sailor Saturn.
Je suis sans défense face à lui.
Pourtant, j’écoute le piano et je rougis.
Ruvik a un grand talent.
Il doit être un prodige.
Nous cessons de jouer en même temps.
<Ouvre les yeux, Ho…ta…ru.>
Je les ouvre. Il n’y a personne au piano.
Je dépose le violon au sol.
<Connaissais-tu cette mélodie, Ruvik?>
<Non. Je l’ai appris à l’oreille.>
Je n’en reviens pas. Ruvik est un prodige.
Même Michiru devait lire une partition et apprendre la mélodie par cœur avant de pouvoir la jouer pendant ses concerts.
Sans rien dire de plus mentalement, je suis trop sous le choc, je continue mon exploration du manoir pour trouver une sortie.
Ruvik reste silencieux pendant un temps, puis il dit que c’était beau, ce que nous avions joué ensemble.
Je rougis à ses paroles.